Après les animations un peu plus récentes de Disney, il est temps de revenir aux classiques qui ont régi notre enfance. C’est donc un classique qui vous sera présenté cette fois avec: Cendrillon!
Infos pratiques !
Titre : Cendrillon – Cinderella
Genre : Animation (trop facile ! J’aurais ajouté romance moi !)
Société de Production : Walt Disney Animation Studio (la question ne se posait pas, mais bon)
Date de sortie : 1950 (deuxième doublage en 1991)
Durée : 74 minutes
La petite histoire…
Il était une fois une famille… Enfin, une petite fille et son père veuf, qui vivaient dans un beau petit château. Pour que sa fille ne soit pas seule, le père épouse une femme qui a elle-même deux filles, Anastasie et Javotte. Tout se passe bien, jusqu’à ce que le père de Cendrillon décède. Dès lors, la marâtre va faire une profonde différence entre Cendrillon et ses propres filles, lui donnant un rôle similaire à celui d’une esclave. Le magnifique château tombe en ruine, Cendrillon est une souillon et ne peut compter que sur ses amis les animaux.
De l’autre côté du territoire, le roi prépare un bal pour que son fils, le prince, trouve enfin sa future épouse et lui fasse des petits enfants parce qu’il s’ennuie terriblement. Le conseiller du roi fait parvenir l’invitation à toutes les jeunes filles à marier du royaume…
Quelques personnages?
Dans ce Disney, on distingue deux catégories de personnages: les humains et les animaux. On sait que l’accent a été mis sur les animaux entre autres en raison de la manière dont ont été tournées certaines scènes. En effet, certains personnages ont été créés et animés par rotoscopie (on tourne d’abord en noir et blanc avec des acteurs avant de calquer en dessin), et Walt Disney ne voulait pas mêler les personnages plus réalistes avec les personnages plus cartoons. On a donc créé une trame entre les souris et le chat Lucifer.
On distingue aussi les bons et les mauvais, quoi que le personnage du roi ne soit ni foncièrement mauvais ou bon, il agit selon ses intérêts mais aussi au bénéfice du prince, personnage peu actif au final dans l’histoire.
Le personnage principal, Cendrillon, n’évolue pas vraiment. Elle est l’archétype de la princesse idéale: belle, douce, gentille et généreuse. Elle est aussi serviable et plutôt maltraitée. Pour beaucoup de critiques de l’époque, elle était considérée comme la première image de la femme indépendante qui se rebelle pour obtenir ce qu’elle veut, pour se libérer de ses chaines et son rôle de femme à tout faire. Elle fait partie de ces personnages qui ont la faculté de parler avec les animaux, ce qui lui donne une touche encore plus attendrissante.
A l’inverse, la marâtre est l’archétype de la méchanceté. Mais elle ne fait absolument rien directement. Tout est dans l’intérêt de ses deux filles, par jalousie de la beauté de Cendrillon. Elle est souvent placée dans l’ombre, et ses traits sont très détaillés pour amplifier son côté dur et méchant, ce qui permet de suivre l’évolution du fil de ses idées mauvaises. Ses deux filles, Javotte et Anastasie, sont stéréotypées comme les enfants pourris gâtés qui deviennent méchants et perfides. On ne sait pas vraiment les différencier, l’une est rousse et l’autre brune, mais leurs traits ont volontairement été enlaidis pour marquer les enfants. Elles sont au coeur de situations grotesques qui tournent souvent au comique, elles ont donc un rôle de bouffon.
Si l’on peut voir quelques instants les personnages comiques du roi et de son conseiller, ils ne sont pas les personnages les plus importants de l’histoire. Ils ne sont qu’un déclencheur à l’aventure de Cendrillon. De même, le prince n’est jamais qu’un but, l’objectif final, et en dehors des rares scènes où on le trouve en compagnie de Cendrillon, on ne peut pas en parler plus que cela.
Par contre, on peut parler de Gus, Jac et Lucifer! Gus (surnommé Gus-gus par Jac), est une petite souris potelée qui rencontre pour la première fois Cendrillon dans cette animation et lui voue une véritable adoration depuis qu’elle l’a libérée du piège à souris. Pas très futé, il n’en reste pas moins d’une affection sans pareille, l’incarnation de la bonté et du comique, toujours prêt à bondir. Il est toujours accompagné de Jac, la petite souris futée qui a prévenu Cendrillon de sa situation. Jac est plus malin et tente souvent de sortir Gus des mauvaises situations. Il est un fidèle ami de la jeune princesse et ne supporte pas la façon dont la traitent Belle-mère et Belles-soeurs. Ces deux petites souris (comme toutes les autres, mais on leur accorde moins d’importance) sont confrontées à leur ennemi naturel, le chat Lucifer. Perfide, on peut dire qu’il est le reflet de la mauvaise foi de sa maîtresse la marâtre. Il a le don de venir mettre des bâtons dans les roues de Cendrillon, et lorsque ce n’est pas après elle qu’il en a, toutes les occasions sont bonnes pour chasser les souris. Bien qu’il ait l’air paresseux, las et lent, il se révèle rapide et perfide lorsqu’il s’agit de s’attaquer aux petites souris. Mais il finit toujours par se blesser ou dans des situations cocasses.
En somme, les personnages sont assez stéréotypés, et chacun connait plus ou moins un opposé dans le film. Il y a une leçon à tirer des actes de chacun, et de chacun dépend l’histoire d’un autre.
Autour du film …
La sortie de Cendrillon annonçait la reprise des longs métrages après une série de compilations courts métrages suite à la seconde guerre mondiale. Afin de donner une dimension réaliste aux personnages, en particulier Cendrillon, la belle mère et le prince, la technique de la rotoscopie a été utilisée pour les créer. L’actrice Helen Stanley qui était le modèle pour Cendrillon a ensuite été reprise pour Anita (101 dalmatiens) et Aurore (la Belle au Bois dormant). Cependant, Walt a demandé qu’elle soit représentée blonde, pour la démarquer de l’actrice. Il s’agissait de la première princesse Disney blonde, et cette tendance a donné suite notamment au succès de Marilyn Monroe.
C’est en raison de l’utilisation de la rotoscopie et de la volonté de Walt de ne pas croiser des personnages réalistes et cartoon mais aussi pour rendre l’histoire moins triste que la production a ajouté plus d’animaux qui parlent et d’axer une partie de la trame sur leurs aventures.
Malheureusement le film n’a pas été aussi bien accueilli que prévu, certains le qualifiant de trop simplistes et donc pas assez distrayant. Il n’en reste pas moins qu’il a eu de nombreux impacts psychologiques et sociologiques pour l’époque. En effet, Mark Pinsky recense plusieurs interprétations popularisées par ce film ayant pour lui influencé les générations. Notamment: L’élévation sociale (quoi que controversée, étant donné que Cendrillon est à l’origine une fille de bonne famille, mais l’image a subsisté), Une image mitigée de jeune fille idéale, Le stéréotype de la marâtre et du méchant bedonnant (qui donnent à réfléchir aux plus jeunes sur leurs actions), et enfin le célèbre complexe de Cendrillon, démontrant la peur d’une femme de devenir indépendante mais se rebelle pour obtenir finalement ce qu’elle veut, un premier pas vers le féminisme.
En soi, s’il n’a pas été si bien accueilli, Cendrillon est resté fidèle aux critères des animations de Disney. Attendait-on de la nouveauté?
Ce que j’en dis …
Dans mon souvenir de petite fille, Cendrillon faisait partie des meilleurs dessins animés à l’époque. Une histoire autant triste que réconfortante, elle offre une belle leçon de courage et de volonté, ainsi qu’un regard sur la société avec ses bons et mauvais personnages. Si de ce point de vue, il semble plutôt destiné aux enfants pour voir qu’il ne faut pas devenir méchants et demander plein de jolis cadeaux qu’on ne partage pas comme Javotte et Anastasie, il ne faut pas oublier un autre angle qui pourrait être proposé: le premier pas vers l’émancipation de la femme. En effet Cendrillon a à sa charge toutes les tâches ménagères, elle n’a donc pas le temps d’être coquette comme elle se le permet grâce à l ‘aide de la bonne Fée marraine pour se rendre au bal.
Il faut admettre toutefois que les dialogues sont très « gnangnants » et l’ensemble du dessin animé reste très cliché et stéréotypé. On ne peut pas vraiment parler des musiques, bien que Disney soit friands des passages musicaux, ce n’est pas le meilleur chef-d’oeuvre en la matière. Avec le recul et l’âge, je dirais qu’il est assez comique, c’est certes un classique immanquable qu’il faut absolument montrer aux enfants, autant pour leur culture que pour les leçons qu’on peut en tirer, mais je ne le regarderais plus aussi souvent avec l’âge. Pour ce Disney qui aura marqué mon enfance, en tenant compte des progrès technologiques de l’époque sans pour autant oublier les faiblesses du film, je lui accorderais un beau 7/10 et vous blâmerais de ne pas l’avoir encore vu.
Tsuki